Le premier trimestre 2024 a présenté une dynamique difficile pour le marché de l’immobilier commercial au Québec. Selon les données de Côté-Mercier Service de données, les volumes de transactions ont chuté, avec 677 transactions contre 731 pour la même période l’an dernier, soit une baisse de 7 %. Plus particulièrement, la valeur monétaire de ces transactions a chuté de 44 % d’une année à l’autre, pour s’établir à 1,92 milliard de dollars. Cette réduction significative est encore plus prononcée lorsqu’on la compare au premier trimestre 2022, avec une baisse de 62 %.
Nous sommes d’accord avec Christian-Pierre Côté, directeur général de Côté-Mercier Service de données, qui attribue ce ralentissement aux coûts élevés de la construction et aux taux hypothécaires élevés, qui ont créé un climat d’incertitude. Cette incertitude empêche tout rebond significatif du marché et les données préliminaires ne suggèrent pas de reprise imminente au deuxième trimestre, ce qui accentue encore la prudence des acteurs du marché.
Il est intéressant de noter que, malgré le déclin général, certaines régions comme la Mauricie et Chaudière-Appalaches ont échappé à la tendance. La Mauricie, en particulier, a vu son volume de transactions augmenter de 90 %, pour un total de 35 millions de dollars. Cette résurgence est liée à un regain d’intérêt pour des régions comme Trois-Rivières, où les taux de rendement sont légèrement plus élevés qu’à Montréal, ainsi qu’à un afflux plus important de nouveaux locataires et propriétaires, car ces régions se classent en tête en termes d’accessibilité dans la province.
De nombreux Canadiens, en particulier les locataires des grandes villes comme Toronto, Montréal et Vancouver, envisagent de déménager dans des régions plus abordables. Edmonton et Québec sont devenues des destinations populaires, la ville de Québec étant le premier choix des Montréalais à la recherche d’un coût de la vie moins élevé et d’une meilleure qualité de vie. Cette tendance s’explique par le désir d’échapper aux coûts élevés et de tirer parti des possibilités de travail à distance.
Cependant, le contexte économique pose des défis supplémentaires. L’économie canadienne a ralenti plus que prévu au premier trimestre, avec une croissance du PIB de 1,7 % seulement, alors que les prévisions étaient de 2 %. Ce ralentissement a augmenté la probabilité d’une réduction des taux d’intérêt par la Banque du Canada, potentiellement dès la semaine prochaine. Les économistes sont divisés sur la question de savoir si la banque centrale agira immédiatement, mais le consensus penche en faveur d’une certaine forme d’assouplissement à court terme pour remédier à l’écart de production croissant et maîtriser l’inflation.
Les récents commentaires du Premier ministre Justin Trudeau soulignent à quel point le logement est devenu un outil politique sous le gouvernement libéral. Tout en soulignant l’importance d’une valeur élevée des logements pour l’épargne-retraite, il suscite des débats sur la durabilité et l’équité de cette approche, suggérant que les jeunes générations devront payer la facture. Cette position semble en contradiction avec les récentes annonces budgétaires et les objectifs visant à améliorer l’accessibilité au logement.
Pour le marché de l’immobilier commercial, ces facteurs brossent un tableau complexe. La baisse du volume et de la valeur des transactions suggère un marché prudent qui s’adapte aux incertitudes économiques et aux coûts élevés. Cependant, l’intérêt pour les régions plus abordables du Québec et l’assouplissement potentiel de la politique monétaire pourraient créer des opportunités pour les investisseurs avisés.
En tant que professionnels de l’immobilier commercial, il est essentiel de naviguer stratégiquement dans ces tendances. L’évolution vers des régions plus abordables pourrait signaler de nouveaux points chauds pour l’investissement, en particulier dans des régions comme la ville de Québec et Trois-Rivières. En outre, le suivi des politiques économiques et de leur impact sur les taux d’intérêt sera essentiel pour anticiper les mouvements du marché et prendre des décisions d’investissement éclairées.
En conclusion, si le marché actuel présente des défis, il offre également des opportunités à ceux qui savent s’adapter à l’évolution du paysage. Comment positionnez-vous vos investissements à la lumière de ces tendances ? Faites-nous part de vos réflexions et de vos stratégies dans les commentaires ci-dessous. Discutons de la manière dont nous pouvons collectivement naviguer dans ces changements et capitaliser sur les opportunités émergentes.