La récente série de réductions des taux d’intérêt par la Banque du Canada (BdC) laisse présager un avenir solide pour les investissements immobiliers à travers le Canada, y compris dans la province de Québec. En réduisant le taux du financement à un jour de 0,25 point pour le ramener à 4,5 %, soit au niveau de janvier 2023, la banque centrale prévoit des effets positifs importants sur le marché de l’immobilier. Cependant, les implications de ces changements sont multiples et méritent un examen plus approfondi.

La décision de la Banque du Canada, motivée par les progrès accomplis dans la maîtrise de l’inflation et la résolution du problème du ralentissement économique, devrait revigorer les investissements immobiliers, notamment dans les secteurs résidentiels. Cet aspect est crucial pour le Québec, où le marché du logement a été confronté à des défis particuliers. Le secteur immobilier de la province, en particulier à Montréal, est confronté à des réglementations urbaines strictes qui ont freiné les activités de construction par rapport à d’autres régions comme Laval, Longueuil et la ville de Québec. Ces goulets d’étranglement réglementaires ont prolongé la délivrance des permis, ce qui a entraîné un retard dans la satisfaction des demandes de logement.

Cette croissance anticipée s’aligne sur la projection de la Banque du Canada d’un marché immobilier robuste. Cependant, l’environnement réglementaire du Québec constitue un obstacle important. L’excès de réglementation à Montréal a entraîné des retards, le délai moyen d’obtention d’un permis atteignant 291 jours, ce qui contraste fortement avec les délais beaucoup plus courts dans d’autres municipalités.

Les données récentes du Canadian National Multifamily Report de Yardi mettent en évidence la dynamique du marché locatif résidentiel. Bien que la croissance des loyers se soit ralentie par rapport aux niveaux les plus élevés, elle reste robuste par rapport aux normes à long terme. Au Québec, en particulier à Montréal, les loyers continuent d’augmenter, bien qu’à un rythme plus lent que dans d’autres provinces comme l’Alberta et la Saskatchewan. Le loyer moyen à l’échelle nationale a atteint un niveau record de 1 521 dollars, les villes du Québec ayant connu des hausses de loyer modérées.

Sur le front de l’immobilier commercial, les baisses de taux d’intérêt de la Banque du Canada sont perçues comme un signal positif. Bien qu’il faille attendre quelques mois pour que les effets concrets sur le coût de la dette se matérialisent, l’effet psychologique sur les investisseurs est immédiat. Selon l’enquête de Groupe Altus, près de la moitié des répondants s’attendent à une baisse des taux d’intérêt globaux au cours de l’année prochaine, ce qui devrait se traduire par une plus grande disponibilité des capitaux à des coûts moindres. Cet optimisme est crucial pour le marché de l’immobilier au Québec, où le cadre réglementaire actuel a entravé les activités de développement, en particulier à Montréal.

L’enquête indique également que la plupart des entreprises se concentreront sur la gestion des portefeuilles existants, tandis qu’une minorité d’entre elles cherchera à déployer ou à mobiliser des capitaux. Cette approche prudente reflète les incertitudes économiques générales, malgré l’environnement favorable des taux d’intérêt. Le marché québécois de l’immobilier résidentiel, caractérisé par des réglementations strictes et des coûts de développement élevés, pourrait bénéficier de manière significative de ces baisses de taux d’intérêt, à condition que des réformes politiques soient menées en parallèle pour rationaliser les processus de construction et de développement.

Le cadre réglementaire est un aspect essentiel du marché du logement au Québec. La réglementation 20-20-20, qui vise à stimuler la construction de logements abordables, a involontairement fait grimper les coûts de construction et ralenti l’approbation des projets. Les promoteurs préfèrent souvent payer des pénalités plutôt que de se conformer aux exigences strictes, ce qui ne fait qu’exacerber la crise du logement. Cette réglementation a entraîné une pénalité cumulée de 38 millions de dollars depuis 2021, ce qui pèse sur les promoteurs et retarde les projets de logement.

Pour que le Québec puisse tirer parti de l’élan positif créé par les baisses de taux de la Banque du Canada, il faut un effort concerté pour réformer ces obstacles réglementaires. Ces ajustements politiques pourraient atténuer la pénurie de logements et favoriser un marché immobilier plus dynamique à Montréal et au-delà.

Les récentes baisses de taux d’intérêt de la Banque du Canada sont sur le point de revigorer les investissements immobiliers. Toutefois, pour que ces avantages se concrétisent pleinement, il faut des réformes réglementaires substantielles pour accélérer la construction et réduire les coûts de développement.

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