Le récent budget 2024-2025 présenté par le ministre des Finances du Québec, Éric Girard, a soulevé d’importantes inquiétudes au sein de la communauté de la construction et de l’immobilier, particulièrement chez les professionnels et les investisseurs en immobilier commercial.

Malgré une reconnaissance explicite du déséquilibre croissant entre l’offre et la demande de logements, les mesures prises sont insuffisantes pour stimuler de façon significative les mises en chantier, un aspect crucial pour le marché immobilier québécois et, par extension, pour le secteur de l’immobilier commercial.

L’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ) a exprimé sa déception face à l’absence de mesures incitatives fortes, telles que l’exemption de la TVQ (taxe de vente du Québec) sur les nouveaux logements locatifs, une mesure adoptée dans toutes les autres provinces canadiennes et au niveau fédéral.

Cette exonération aurait pu servir de catalyseur pour accélérer la construction résidentielle, avec des retombées positives sur le marché de l’immobilier commercial en augmentant l’offre de logements et en stimulant l’économie locale.

Le budget met en évidence certains engagements positifs, tels que l’investissement dans le logement social et abordable, ainsi que des initiatives visant à accroître la main-d’œuvre et la productivité dans le secteur de la construction, mais ces mesures ne répondent pas entièrement aux besoins immédiats du marché pour lutter contre la crise du logement et promouvoir une croissance soutenue dans le secteur immobilier.

L’absence de soutien direct pour encourager les mises en chantier dans la construction résidentielle et de solides incitations fiscales pour les nouveaux développements a été considérée comme une occasion manquée par plusieurs acteurs du marché qui ont critiqué le budget pour son manque d’initiatives visant à stimuler la construction, comme cela a été noté dans le récent budget.

Dans son état actuel, le budget est susceptible de ralentir encore davantage l’élan des projets immobiliers résidentiels et commerciaux. Pour les investisseurs, cela se traduit par une diminution potentielle des opportunités de nouveaux espaces commerciaux qui accompagnent généralement les développements résidentiels. Cette situation pourrait entraîner une diminution de la demande d’espaces commerciaux, de bureaux et d’espaces à usage mixte, en particulier dans les zones destinées à la croissance résidentielle. Les investisseurs pourraient juger nécessaire d’ajuster leurs prévisions de croissance pour certains marchés et d’envisager les conséquences à long terme sur la valeur des biens immobiliers et la demande de locations commerciales.

Cette situation souligne l’opportunité pour le gouvernement de reconsidérer des mesures plus agressives dans les budgets futurs pour faire face à la crise du logement et promouvoir la croissance économique.

Le silence du budget sur la rationalisation des processus réglementaires et le soutien à des calendriers de construction plus rapides présente un obstacle sous la forme de retards de projets et d’escalade des coûts. L’absence de mesures visant à alléger les charges réglementaires signifie que les projets commerciaux pourraient être confrontés à des phases d’approbation et de construction prolongées, ce qui aurait un impact sur le rendement des investissements.

En outre, la complexité et l’imprévisibilité de l’environnement réglementaire pourraient entraîner une augmentation des coûts des projets, ce qui affecterait la faisabilité et la rentabilité des investissements dans l’immobilier commercial. Les investisseurs pourraient être amenés à envisager des calendriers et des estimations de coûts plus prudents, ainsi qu’à allouer des ressources supplémentaires pour faire face à ces défis réglementaires.

Dans l’ensemble, le budget du Québec, très attendu, a manqué la cible des mesures ciblées et de haut niveau qui auraient pu atténuer la crise du logement, préférant agir dans une approche attentiste et risquant de voir la crise actuelle s’amplifier au cours des prochains mois et des prochaines années.

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