Le nouveau Fonds canadien d’infrastructure pour le logement, doté de 6 milliards de dollars, est une mesure stratégique visant à lutter contre la crise du logement en se concentrant sur la construction et l’amélioration des infrastructures essentielles. Ce financement, en particulier les 5 milliards de dollars mis de côté pour les provinces et les territoires, est conditionné à l’engagement de développer les types de logements « manquants » tels que les duplex, les triplex et les maisons en rangée. Cette obligation de geler les redevances d’aménagement dans les grandes villes pourrait influencer de manière significative le marché de l’immobilier commercial, notamment en termes d’opportunités d’investissement et de coûts d’aménagement.

Au Québec, la situation est d’autant plus compliquée que la province considère depuis longtemps que les municipalités relèvent de la compétence provinciale. Le Québec a toujours été réfractaire aux conditions fédérales en matière de financement, mettant l’accent sur l’autonomie provinciale en matière d’affaires locales. Cette position pourrait conduire à des négociations difficiles, car la province pourrait s’opposer aux stipulations fédérales attachées au fonds de logement, malgré les avantages potentiels pour l’infrastructure et le développement du logement.

En outre, la proposition de Charte canadienne des droits des locataires, qui vise à inclure le paiement des loyers en temps voulu dans le calcul de la cote de crédit, introduit une dimension supplémentaire. Cette mesure pourrait potentiellement faciliter la transition de la location à l’accession à la propriété pour de nombreuses personnes, en modifiant la dynamique de la demande sur le marché du logement. Toutefois, son efficacité à résoudre les problèmes fondamentaux de l’offre de logements et de l’accessibilité financière reste discutable.

Au milieu de ces changements de politique, l’explosion du crédit à la consommation et l’augmentation des taux d’impayés, alimentés par des taux d’intérêt élevés et l’inflation, ajoutent de la complexité au paysage financier en affectant la demande locative et le prix auquel les unités peuvent être commercialisées, limitant ainsi les nouveaux projets en raison de leurs marges de profit étroites.

Pour les acteurs du marché de l’immobilier commercial au Québec, ces développements signalent une période d’opportunités et d’ajustements potentiels. L’accent mis sur l’infrastructure et le développement de logements pour le « milieu manquant » pourrait ouvrir de nouvelles voies pour l’investissement et le développement de projets. Toutefois, le succès de ces initiatives dépend de l’efficacité des négociations et de la collaboration entre les gouvernements fédéral, provincial et municipal, ce qui n’est en aucun cas garanti.

 

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