Selon les récentes prévisions de l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ), il est clair que le secteur de la construction résidentielle est confronté à une période difficile. L’APCHQ prévoit que les mises en chantier seront insuffisantes pour répondre à la demande croissante au cours des deux prochaines années. Avec des projections de 44 000 mises en chantier en 2024 et 50 000 en 2025, ces chiffres représentent des augmentations de 13 % et 14 % respectivement.
Toutefois, selon Paul Cardinal, directeur du service économique de l’APCHQ, cette reprise de la construction résidentielle ne suffira toujours pas à répondre à la demande croissante. Dans les centres urbains, l’accent devrait être mis sur le logement locatif, avec environ 70 % des constructions destinées à ce secteur. Étant donné qu’une part importante des nouvelles constructions dans les centres urbains devrait être constituée de logements locatifs, les investisseurs dans les propriétés multifamiliales pourraient trouver un marché de locataires robuste. Cependant, la pression pour maintenir les loyers à un niveau abordable peut être un facteur à prendre en compte.
L’APCHQ estime qu’il faudrait tripler les mises en chantier d’ici à 2030 pour résoudre le problème de l’accessibilité. De plus, après un record de 20,8 milliards de dollars dépensés en rénovations au Québec en 2022, une baisse de 23 % est prévue en 2023, bien qu’une reprise soit attendue dans les années suivantes, en partie en raison de la baisse des taux d’intérêt. Avec cette anticipation de reprise des activités due à la baisse des taux d’intérêt, les coûts de financement pour l’acquisition ou le développement de propriétés multifamiliales pourraient devenir plus favorables, ce qui aurait un impact positif sur les rendements des investissements.
Les opportunités d’investissement peuvent varier d’une région à l’autre, les zones urbaines comme Montréal pouvant présenter des dynamiques différentes par rapport aux autres régions du Québec, en raison d’initiatives locales spécifiques et de projets de développement.
En ce qui concerne Montréal, la ville a annoncé une nouvelle initiative visant à résoudre la crise du logement. Elle recherche un promoteur pour construire jusqu’à 700 logements sociaux et abordables sur le site du terminus d’autobus abandonné de l’îlot Voyageur Sud, dans le centre-ville de Montréal. Ce site est resté vacant pendant des années, mais la ville, sous la direction de Benoit Dorais, vice-président du comité exécutif de Montréal, s’est engagée à le transformer en un centre de vie abordable.
Le projet s’inscrit dans la stratégie plus large de Montréal visant à lutter contre la hausse des loyers et à promouvoir le logement social. La ville a acquis la propriété en 2018 et l’offre maintenant aux promoteurs à une fraction de sa valeur marchande afin d’accélérer le développement. L’emplacement privilégié du site, à proximité de la station de métro Berri-UQAM et d’autres installations clés, en fait une proposition attrayante pour les promoteurs.
La ville envisage un développement à usage mixte avec des espaces commerciaux au rez-de-chaussée et des résidences au-dessus, soulignant l’importance d’équilibrer la viabilité commerciale avec le développement de logements abordables. Toutefois, l’opposition à la mairie a émis des critiques, notamment en ce qui concerne l’absence de logements spécifiquement destinés aux étudiants.
Pour les investisseurs et les professionnels de l’immobilier commercial, ces développements mettent en lumière plusieurs points essentiels. Tout d’abord, le déficit prévu en matière de construction de logements suggère que la demande continuera à dépasser l’offre, ce qui pourrait entraîner une hausse des prix et des loyers à court et à moyen terme.
Cela pourrait représenter une opportunité pour les investisseurs, en particulier sur le marché de la location. Deuxièmement, l’initiative de Montréal est le signe d’une tendance croissante vers des projets à usage mixte qui combinent des espaces commerciaux et résidentiels, en mettant l’accent sur l’accessibilité financière. Ces projets pourraient offrir de nouvelles possibilités d’investissement et nécessitent une compréhension nuancée de l’interaction entre la viabilité commerciale et la responsabilité sociale.
Cependant, ces tendances posent également des défis. La baisse prévue des dépenses de rénovation suggère un ralentissement dans certains segments du marché, et l’accent mis sur les logements abordables pourrait peser sur les marges bénéficiaires de certains projets. Les investisseurs et les professionnels devront naviguer avec prudence dans cette dynamique, en équilibrant les rendements potentiels avec les demandes changeantes du marché et de la société.
Bien que l’accent mis sur le logement abordable et l’environnement réglementaire à Montréal présentent certains défis, il existe également des opportunités pour les investisseurs, en particulier dans le secteur multifamilial. La clé est d’évaluer soigneusement chaque investissement, en tenant compte de l’équilibre entre la responsabilité sociale, la conformité réglementaire et le rendement financier.
Que pensez-vous de ces évolutions et quel impact ont-elles sur vos stratégies d’investissement ou professionnelles dans le secteur de l’immobilier commercial ? Faites-nous part de vos réflexions et discutons de la manière dont nous pouvons naviguer ensemble dans ces conditions de marché en pleine évolution.